lundi 21 avril 2014

#Gueststar Michel et Yann : Malédiction sur le lycée français de Phnom Penh et visite du Palais Royal

Peut-on profiter du meilleur d’un pays en ignorant son pire ? Une dizaine de dirigeants Khmers Rouges ont inventé une monstrueuse organisation : l’Angkar, dirigée par Pol Pot (grand admirateur de Staline et d’Hitler).

Le génocide du peuple Khmers par ses propres dirigeants sera en proportion plus important que celui des nazis,  ce sera de plus un autogénocide ! Un quart de la population cambodgienne périra – par divers moyens, exécutions, sous-alimentation, maladies, travaux forcés-, i.e. près de 2 000 000 (oui, deux millions) de personnes - pour une population totale de huit millions. Toute la population sera visée : ouvriers, cadres, enseignants, intellectuels, diplomates, femmes et enfants, et même des Khmers Rouges ! Pour l’anecdote, étaient considérés comme intellectuels tous ceux qui parlaient une langue étrangère, ainsi que ceux qui portaient des lunettes, ce qui était considéré comme un signe d’intelligence.

Ainsi, l’ancien lycée français de Phnom Penh, à l’angle des rues 113 et 350, est devenu de 1975 à 1979 la prison la plus terrifiante des Khmers Rouges. Plus de 15 000 personnes y ont été torturées. Seuls 7 prisonniers et 4 enfants auront échappés au sort qui leur était promis, à l’arrivée des Vietnamiens libérateurs. Ces derniers filmeront leur entrée dans le camp. Le film qui nous sera diffusé reprend ces images, avec les corps agonisants des prisonniers qui n’auront pas pu être déplacés avant la fuite de leurs tortionnaires..

Source: http://www.epphoto.fr/category/reportages/cambodge/
Baptisé « camp S21 » par les hommes de Pol Pot, ce dernier n’avait rien à envier aux camps nazis. Il fallait à tout prix que les torturés avouent afin qu’ils puissent être achevés dans le camp d’extermination de Choeung Ek (si ce n’était pas déjà fait). Les gardiens avaient entre 10 et 15 ans ! Le tortionnaire en chef (alias Duch) du S21, ex-professeur de mathématiques, a été reconnu coupable de crime contre l’humanité.

Avec Yann, nous visitons les anciennes salles de classe : certaines ont été transformées en salle d’exposition photos où l’on voit les portraits des anciens prisonniers, d’autres salles sont réservées à décrire les tortures, les gardiens, les dirigeants Khmers Rouges, à exposer des crânes déterrés des fosses. Certaines salles sont restées à l’état de geôles, de 0,8 sur 2m.

La période des Khmers Rouges passe relativement inaperçue dans les livres d’histoires et la mémoire collective, bien qu’elle impacte toujours le Cambodge, avec des familles détruites, traumatisées, ruinées, et blessées (notamment par les mines anti-personnel qui jonchent toujours une partie du pays..).

L’excellent livre de Loung Ung, (D’abord, ils ont tué mon père, éditions Plon) petite fille cambodgienne pendant ces 4 années de cauchemar, dresse un portrait intéressant, et est en quelque sorte le pendant local du livre d’Anne Franck.

Nous terminons notre journée par un tour dans la capitale, et visitons le Palais Royal. L’architecture Khmer avec ses toits et ses dorures nous interpelle. Pourtant, à l’intérieur, les bâtiments sont fermés à la visite, il faut les apercevoir par les fenêtres, et la décoration intérieure est bien décevante : le ramage est bien loin du plumage (sommes-nous les « plumés » ?). Dans la pagode, où 5000 dalles d’argent recouvrent le sol, une épaisse moquette rouge cache la beauté du lieu, à peine 3 m² restent visibles… Le bouddha d’émeraude (en fait en jade) est remplacé par sa copie en cristal (vous suivez ?), trône à 4 mètres du sol où l’on ne peut que l’apercevoir. Le bouddha de 90 kg d’or, grandeur nature, aux 2086 diamants incrustés, ne peut également qu’être aperçu, et l’on est surpris du peu de sécurité qui l’entoure... Allez plutôt visiter le Palais Royal de Thailande à Bangkok, bien plus impressionnant !



#NoteSurLaLangueKhmère :

La langue officielle du Cambodge est le khmer, grammaticalement simple : il n’existe ni conjugaisons, ni genres, ni articles,… Pour exprimer une action passée ou future il suffit d’ajouter des adverbes (hier, demain,…). Par contre, l’écriture est indéchiffrable, l’alphabet composé d’élégantes volutes issues du sanscrit. Heureusement il y a beaucoup de  traductions en français et anglais. Attention cependant aux faux amis, par exemple : « asseyez-vous » se dit  « en kouille ».  J’ai été étonné d’apprendre  que tous les textes  administratifs sont traduits en Français, et que le mot « oui »  se dit « baat » par les hommes et  « chaah » par les femmes !




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