Nous prîmes la route d'Embilipitiya
le 29 juillet au matin, après avoir salué Claire et Thomas une dernière fois et
rallié Galle en tûk-tûk -de loin mon moyen de transport favori-. C'est cependant en bus que nous
parcourimes les 120 km nous séparant de notre point de chute. L'occasion d'économiser quelques
précieuses roupies, et de nous mêler aux habitants et au joyeux bordel de leurs
transports en commun.
La liaison ''express'' tint sa
promesse, puisque nous atteignâmes Matara en 1h environ, non sans manquer de
provoquer quelques accidents de la route. Sur les voies Sri Lankaises, c'est la
loi de la jungle : le plus fort -donc le plus gros- l'emporte. Et quand on
fonce au volant d'un bus bâti comme un Panzer, on a peu de rivaux.
Après un rapide déjeuner ''plain
paharata with Dahl'' - notre équivalent local du jambon-beurre, en bien
meilleur- nous terminâmes par 4h sans encombre -et sans accident- à bord d'un
second bus. La fin de la journée n'a d'intérêt
que si l'on se passionne pour les commérages au bord de la piscine ou les
scores et côtes des joueurs de "10 000" (le jeu de dès). Je jette donc
un voile bucolique sur ces événements d'une rare violence verbale.
RDV 5h30 dans le hall le lendemain :
grasse matinée pour les baroudeurs avertis, réveil difficile pour des parisiens
réglés aux horaires de bureau (qui n'a pas amélioré la narcolepsie chronique
contractée par Anne-B à son arrivée).
La ponctualité Sri Lankaise valant
bien celle des cadres parisiens, nous sommes rejoints quelques minutes plus
tard par un guide un peu confus. Il s'avéra être doté d'un oeil de lynx,
n'ayant rien à envier à celui des ''rangers'' de Tanzanie. Et sympa, ce qui ne
gâcha rien.
Nous partîmes cheveux au vent vers le
Parc Naturel de Uda Walawe, que nous atteignâmes sans encombre une demi-heure
plus tard environ. Le premier ''eléphant sandwich'' (au sens publicitaire et non
culinaire), broutant derrière son barbelé en bord de route, annonça la couleur.
Le paiement -tarif touristes- est
toujours un moment douloureux. Inutile donc de ressasser la peine.
Dans la catégorie ''dialogues
cultes'' de notre fine équipe, citons tout de même Anne-B et Yann, à propos
d'une chauve-souris tournant en rond dans le hall d'accueil :
Anne-B : ''Je croyais que c'était
plus gros que ça.
Yann : - Tu croyais voir Batman ?
"
Soyez rassurés, Quéré n'a pas changé
!
Nous avons rapidement pris la mesure
de l'environnement, et vice-versa. Nous avons dû lui plaire, puisqu'il nous a
gratifié dès l'entrée d'un petit groupe d'éléphants, dont l'un d'eux arborait
des défenses. Un fait rare ici : 7 des 500 éléphants du parc en possèdent !
Des troupeaux de buffles leur
emboîtèrent le pas, tandis qu'oiseaux colorés et aigles choisirent la voie des
airs.
''On s'en fout des vaches et des
piafs, on veut voir des éléphants et des crocodiles'', n'a cependant pas manqué
de nous rappeler Yann.
Ravissement des sens, loin des villes
et hors du temps, alors que nous nous enfonçons dans la brousse et découvrons
d'autres groupes de pachydermes (dont 2 chinoises), le fumet familier des campagnes
et des bêtes, et le sandwich à l'omelette nature.
Une longue halte au bord d'un point
d'eau fut l'occasion d'observer plus avant les moeurs de nos amies les bêtes.
Quand le lion n'est pas là, c'est Babar le roi de la jungle. Un éléphant isolé
s'est chargé de le rappeler à plusieurs dizaines de buffles squattant la pataugeoire.
En les chargeant, justement.
Après plusieurs dizaines de minutes
d'attente, l'abdication de sa majesté éléphant face à la foule, 5 tentatives
manquées d'accouplement inter-générationnel (il y a des cougars même chez les
buffles) et l'abandon de l'espoir vain d'une attaque de crocodile, nous
quittâmes notre poste d'observation.
Comme le dit alors Yann : "il y
a plus d'action dans les reportages à la télé". C'est ma faute, j'aurais
dû refuser que l'on prenne l'option philosophie.
Les singes ont pris le relais des
bovidés un peu plus loin sur la route, virevoltant parmi les branches.
Je trouve personnellement les singes
fascinants, et nous passâmes un petit moment à les observer. La pudeur de
l'homme doit faire exception parmi les primates, puisqu'un de nos cousins à
poils longs a usé de son droit de cuissage en dépit de notre présence. Un petit
moment de solitude qui aura arraché un rire à tout le monde, notre chauffeur y
compris.
Cet interlude a par contre achevé
d'offusquer Clémence, déjà échaudée par l'insistance du jeune buffle près de la
mare, et par la condition de sa ''partenaire''. La cause des droits de la
femelle chez nos amis les bêtes a trouvé sa nouvelle porte-parole !
La fin de notre périple fut le clou
du spectacle, malgré une nouvelle déception devant les crocodiles en chasse. Ce
n'est pas faute de leur part d'avoir essayé, mais les aigrettes semblaient
avoir des ressources insoupçonnées.
Le trajet vers cette mare aux crocos
fut surtout l'occasion de croiser de très près une harde d'éléphants et leurs
petits, si près que nous aurions sans doute pu toucher certains d'entre eux. Un
moment vraiment fort, quoiqu'à l'origine de quelques ''selfies'' ratées. Telle
une bande de rugbymen, les pachydermes ont en effet tendance à présenter leur
arrière-train aux caméras. Nous eûmes en compensation droit à notre propre
parade, lorsqu'ils longèrent de près la jeep avant de traverser devant nous, l'éléphanteau
en prime. Notre moment favori, bien résumé par Clémence : ''trop canon !
".
Le chemin vers la sortie fut somme
toute calme, peut-être un peu trop. L'averse reçue quelques minutes plus tôt
avait dû pousser les animaux vers leur cachette. Nous partîmes donc sans un
dernier salut de trompes, une dernière cabriole, et surtout sans avoir croisé
l'un des vingt léopards du Parc.
Le trajet retour fut à l'image de
chaque trajet jusqu'alors : une sieste collective. Ayant pris les premier,
deuxième et dernier quarts, je ne peux rien en dire, mais je présume qu'il n'a
pas gâché la matinée !
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