Après ces
quelques jours de détente, nous nous décidons à quitter les Togians. Un bateau
public part à 10h du matin, en direction d’Ampana, la ville la plus proche, à 4
heures de là. Ce sera la première étape pour rejoindre le pays Toraja et sa
ville principale, Rantepao. On sait que le trajet va être semé d’embûches, mais
nous n’imaginons pas encore à quel point…
Le bateau
est plutôt old school -curieux qu’il
flotte encore- quelques matelas sont installés mais comme nous nous n’osons pas
trop nous imposer, nous gagnons le droit de voyager assis sur des planches de
bois !
Nous arrivons
à Ampana en début d’après-midi et faisons la rencontre de Linda, une
Hollandaise qui a un itinéraire très semblable au nôtre. Nous devons faire un
choix cornélien : Prendre un mini-van pour faire une première étape de 6h
jusqu’à Tentena avant de continuer le lendemain pour une autre étape d’environ 10h ;
ou attendre le soir pour prendre le bus de nuit qui nous amènera directement à
Palopo, ville proche de notre destination (comptez 2h30 pour le dernier tronçon,
c’est négligeable…). « Chouette »,
pensons-nous, un bus de nuit nous permet d’économiser une nuit d’hôtel, de
gagner une journée de transport, et avec un peu de chance il s’agira d’un bus
touristique assez confortable.
Mauvaise
pioche.
Nous
profitons des quelques heures d'attente pour dîner local, brochettes satay et martabak. Nous nous délectons de cette crêpe géante au chocolat et
cacahuètes.
Nous sommes
prévenus, du fait de l’Indonesian time,
le bus prévu à 22h risque d’arriver plutôt vers 23h. Nous allons patienter, et
le bureau qui a fait notre réservation nous sort trois hamacs pour nous installer tranquillement. Nous avons tellement pris
l’habitude d’attendre que cela devient une seconde nature. Mais quand à 1h du
matin rien ne se passe, Yann commence à se poser des questions. La femme qui a
vendu les billets, l’informe que la veille, le bus est arrivé à 2h du matin.
Mmm, mais pourquoi ne pas l’avoir dit dès le départ ? « Pas de souci,
le bus va finir par venir, la route est coupée par endroits » est la
traduction approximative de ce que nous comprenons. Nous reprenons place dans
nos hamacs respectifs, et effectivement, le bus montre le bout de son capot une
heure plus tard. Quatre heures de retard, ce n’est plus l’Indonesian time, c’est carrément le décalage horaire avec Moscou !
Nous
prenons les derniers sièges disponibles sur la dernière rangée (et allons
comprendre rapidement pourquoi), partageons la place pour les jambes avec un... scooter. Ben si, un type s’est dit, « Tiens et si je prenais le bus avec
mon scooter ? ». Le siège de
Yann est un peu humide, ça ne sent pas très bon, mais qu’importe, on verra plus
tard.
Nous tenons jusqu’au lever du jour, le bus s’arrête pour
le petit déjeuner. Nous avalons un plat de nouilles instantanées (what else ?) et nous apercevons du pourquoi-le-siège-est-humide-et-ça-sent-pas-bon.
Le bus
transporte des caisses de poissons frais, tellement frais que les glaçons
fondent, et qu’un « goutte à goutte » se faufile depuis le toit pour
libérer un petit jus de poisson juste au-dessus de la tête de Yann !
L’équipage du bus constate et déplace le problème vers l’extérieur du bus
(mieux !), mais trop tard, l’odeur a imprégné les sièges, et nos fringues
sentent la marée…
La pause continue et lorsque la « fuite » est réparée, c’est l’heure de la sieste. Le chauffeur et ses acolytes entament une pause bien méritée, nous comprendrons plus tard que nous attendions que la route ré-ouvre... Trois bonnes heures de pause plus tard, nous sommes prêts à repartir. Sauf qu’il est 11h, et qu’après une heure de route, il faut s’arrêter à nouveau, c’est l’heure du déjeuner ! Peu de choix, ça sera donc un « ayam-goreng-nasi » (c’est-à-dire un poulet-frit avec du riz, on vous a dit que l’on se mettait à l’indonésien) !
La route
continue, c’est incroyable de pouvoir mettre autant de virages en épingle
sur une distance aussi courte, sans la présence d’une chaîne de montagne.
Impossible de faire autre chose que se tordre le cou pour deviner la route par
la fenêtre pour ne pas avoir mal au cœur. Yann s’en sortira d’ailleurs avec un
bon torticoli !
Nouvel arrêt,
rapide, la route s’est effondrée, il faut sortir pour limiter le poids du bus,
puis quelques heures plus tard, une autre pause pour laver le véhicule (si,
si)…
Nous nous
arrêtons à nouveau, avons bon espoir d’arriver, mais non : il s’agit de la
pause pour le dîner ! Ce trajet n’en finira jamais… nous étions censés
arriver pour 13h, il est déjà 20h et ce n’est pas fini ! Nous nous
remettons à table pour un nouveau ayam-goreng-nasi,
ça faisait longtemps… Notre bus de nuit aura donc été un « bus deux
nuits ».
Nous commençons
à en voir plein les pattes et raz-la-casquette, mais il faut encore rouler… Au
moment de sortir du bus, nos rudiments d’indonésien sont utiles, un « lampu » dirigé au chauffeur afin qu’il
allume la lumière du fond, pour que nous puissions enfin nous en
extirper, est répété en écho par tous les passagers, surpris de nous entendre
baragouiner dans leur langue... Ils sont sympas ces locaux !
C’est à 23h
que nous finissons par atterrir dans le seul hôtel de la ville… « Comment
ça, il ne vous reste que la chambre VIP, la plus chère, celle qui correspond à
2 jours de pension complète sur les îles pour avoir une pièce où il y a plus de
moustiques que de mètres carrés ? ». Nous finissons par la partager
avec Linda – qui nous a suivis dans tous ces mauvais choix- pour limiter la
dépense… mais au moins nous aurons droit à notre première douche chaude depuis
notre arrivée dans le pays !
Le
lendemain, nous trouvons un mini-van. Lorsque seules les filles demandent le
tarif, il semble un peu excessif : 350 000 rupiah : 23€ pour 2h30 de
route (NB : ne pas le comparer avec les tarifs des taxis parisiens…) !
On ne saura jamais pourquoi, si le chauffeur voulait privatiser la voiture pour
les filles ou non, mais lorsque Yann part demander à son tour le tarif (oui, on
fait des équipes de négociation…), le tarif vient de tomber à 35 000
rupiah, le dixième du prix… Deal, nous partons !
Dernière
surprise de ce trajet de 3 jours, des Togians à Rantepao, d’une fabuleuse
distance de 400km, nous nous retrouvons à 13 dans le minivan 8 places. Comment
mettre 5 personnes de plus dans un mini-van ? Facile, c’est comme la
blague du « Comment met-on quatre éléphants dans une deux-chevaux : deux
devant, deux derrière » !
Piouf !
L'angoisse ...... Rien qu'imaginer les routes j'ai mal au cœur !! Quand vous rentrez on se fait un repas indonésien pour changer !!
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