mercredi 30 avril 2014

#Gueststar Michel : Phnom Penh, c’est tout un poème

Phnom Penh, c’est tout un poème (Michel)

Dans Phnom Penh, les pétarades des moteurs ,
Les sirènes des bateaux sur le Tonlé Sap River,
Et les klaxons des véhicules, le tapage des chantiers,
Créent un vacarme permanent, dans tous les quartiers.

Dans Phnom Penh, le trafic arrive dans tous les sens,
Et, parfois, à contre -sens....
La priorité n'est fonction que de la taille des véhicules respectifs.!
La surprise est de ne pas entendre des jurons, et des klaxons agressifs.

Dans Phnom Penh, tout l'art est d'apprendre à rester zen.
Les tuk-tuk et les motos-dops tournent sans arrêt, dans la poussière.
Pour la conduite khmère : il ne faut jamais s’arrêter dans la cohue routière,
Mais, toujours passer, avancer, accélérer, et se faufiler sans gène.

Dans Phnom Penh, la sécurité n'est pas une priorité :
Parfois un uniforme bleu s'agite avec un bâton sur la chaussée,
Mais, il faut enlever le masque,
Ici, une vie humaine vaut moins que le prix d'un casque...

Dans Phnom Penh, chacun œuvre, turbine,
Se déplace, négocie, ou, attend le client sous le parasol,
C'est une ruche géante, trépidante, une énorme usine,
Où tout se fabrique sur les trottoirs, à même le sol....

Dans Phnom Penh, le soir, le ciel devient sombre et menaçant,
Après quelques éclairs et une pluie violente et brève,
La chaleur écrasante revient rapidement,
Et on retrouve le radieux matin après ses rêves.

Dans Phnom Penh, l'échine les Khmers doivent courber,
Malheur pour ceux qui n'ont pas de veine,
Chaque jour, il faut gagner quelques riels pour vivre et manger,
Ici, il y a beaucoup de misère à faire peine.

Dans Phnom Penh, le trafic est surréaliste et bruyant,
La propreté et la sécurité n'y sont pas importantes,
Mais c'est une ville asiatique attirante,
Où il faut venir, Pour un Sourire d'Enfant


#Gueststar Valérie : Départ pour Kep… jusqu’à Sihanoukville !

Après une dizaine de jours de visites culturelles sous une chaleur harassante, direction la côte du golfe de Thaïlande...

Nos globes trotteurs, adeptes des voyages en bus déteignent sur nous, mais c'est avec un peu d'appréhension que nous optons pour le car couchettes pour ce trajet. 7h après, nous sommes agréablement surpris par la nuit que nous venons de passer....Changement de véhicules pour les 4 dernières heures de route et nous voilà arrivé à Kep Lodge, notre nouveau point de chute.

Le lodge de Dan est un endroit paradisiaque perché sur une colline, des bungalows enfouis dans une végétation luxuriante : jacquiers, cocotiers, bananiers, durians, hibiscus, frangipaniers et autres fleurs inconnues en font un havre de paix tempéré, une piscine avec vue sur la mer au loin finit de nous annoncer des jours reposants....



Le soir même, nous partons à pieds à la découverte de Kep ! Quinze minutes de marche nous amènent à Crab market où de petites échoppes familiales vendent du poisson frais, cela semble génial mais il n'est que 18h et nous poussons vers le centre-ville....après vingt minutes, Kep Beach : plage artificielle de sable blanc, encore une heure et demi de marche mais toujours pas de centre-ville : Kep est une ville fantôme traversée par une "4 voies" mais quasiment sans habitations. Nous apprendrons plus tard que cette magnifique ville de villégiature a été détruite par les Khmers rouges pendant la guerre....Nous resterons donc à la piscine de Kep Lodge et dînerons tous les soirs au Crab market !

Clem, Yann et Michel vont tenter la découverte de l'île aux lapins, recommandée par des amis et les guides....Nous les voyons revenir en début d'après-midi dépités et déçus, l'île est sale, les plages sont sans intérêt, quel dommage.....Un Canadien leur vante la plage d'Otres Beach un peu à l'écart de Sihanoukville, ville que nous avions écarté à cause de sa réputation sur le tourisme sexuel et la prostitution si ce n'est enfantine, au moins adolescente..

Allez, soyons fous, tentons... Nous voilà à nouveau sur la route, à six -dont le chauffeur- plus nos sacs dans une berline pour quatre heures de route. Le trajet fut dur, mais il en valait la peine : nous découvrons un nouveau petit paradis sur terre, mer transparente et chaude, paillotes et transats sur une plage de sable blanc, l'endroit rêvé pour buller ces deux derniers jours avant de repartir vers Phnom Penh puis Singapour.



Étant à un quart d'heure de Sihanoukville, et pour se faire notre propre opinion, nous décidons d'y aller dîner.

La ville en elle-même n'a rien d'attrayant, impossible à cataloguer, de grandes rues bordées de chaque côté par des bars, des restaurants et des boutiques à touristes, le tout dans une ambiance de beaufitude incroyable !

Une fois arrivé sur la plage nous découvrons une multitude d'échoppes faisant office de bars, restaurants (proposant du poisson frais à choisir avant de le faire cuire devant nous au barbecue) avec de grands fauteuils confortables installés sur le sable, le tout éclairé par des lampions, des guirlandes et des photophores, il est 18h, il fait déjà nuit noire !



Nous nous posons dans l'un d'eux pour prendre un verre et dîner : grosses crevettes, petits homards, seiches et filets de poisson grillés arrivent sur la table, nous profitons à fond de ce moment magique et savourons notre chance d'être là. J'aurai aimé partager ce moment avec Blandine et Perrine et avoir encore un peu mes trois filles ensembles...

L'envers du décor, ce sont les petits enfants, les mamans avec des bébés, des mutilés de guerre qui cherchent à vendre bracelets, feux d'artifice ou tout simplement font la manche sans arrêt, le plus dérangeant étant sans doute les quelques "vieux libidineux" entourés de "chair fraîche".

En remontant la plage, à la rencontre de notre tuk-tuk, Clem et Yann croisent des enfants qui vendent des lanternes thaïlandaises (ils en avaient rêvé pour leur mariage mais à cause de la forêt ils avaient dû à contre cœur abandonner l'idée). Ils étaient comme deux enfants, heureux d'allumer leur lanterne, de la regarder monter dans le ciel et se perdre dans la nuit noire !



1er mai, nous respectons les traditions, au programme, plage....bain de mer, sieste, massage, bain de mer, écriture des articles, bain de mer, jeu de dés, bain de mer, déjeuner, sieste, bain de mer… tout cela à l'ombre de la grande paillotte. A 17h30, nous regagnons nos chambres, épuisés, pour une bonne douche avant de nous retrouver pour tester le restaurant d'à côté, la nuit tombe, des enfants sont en ombres chinoises dans l'eau....et dire qu'il faut quitter tout ça, les bonnes choses ont toujours une fin !


mercredi 23 avril 2014

#Gueststar Alain : Angkor des temples

Gamin, fou de livres et d'exploration, en voyageant avec Tintin, René Caillé, Indiana Jones (même si, alors, je n'étais plus tout à fait gamin !) ou avec Malraux, je rêvais de Macchu Pichu, de Petra, de Tombouctou ou d'Angkor...

Mon père, ton grand-père Clem, m'avait initié à ces voyages immobiles, lui qui durant la guerre écrivit deux livres d'exploration : "L'homme et la tente" et "Pirogues et pagaies" ... sans jamais sortir des bibliothèques parisiennes et des collections du musée de l'homme ...!

Macchu Pichu ? Nous avions eu la chance, en 1979, d'y passer une pleine journée sans autres touristes que nous, une grève générale isolant le site du reste du monde. Tombouctou n'a plus de place qu'à la rubrique politique étrangère...Petra ? Peut-être un jour !

Mais Angkor semblait si loin, dans ce pays ravagé par 20 années de guerre civile... Pourtant, nous y sommes et découvrons ce site de 400 km2 dans lequel se dissimulent -plus ou moins bien- des centaines de temples (et des milliers de touristes !).



Construits entre 600 et 1400, réalisant à travers les siècles une synthèse un peu iconoclaste entre bouddhisme et hindouisme, dans laquelle Shiva, Vishnu et Bouddha se côtoient dans la plus grande harmonie, loin des rois hindouistes qui faisaient disparaître les effigies de Bouddha, loin des batailles entre khmers, chinois, thais et chams, batailles contées dans le détail par d'immenses bas-reliefs, racontant aussi la vie de tous les jours, à différentes époques...


De la qualité de la roche utilisée -essentiellement du grès-, de l'exposition aux aléas climatiques, de l'envahissement par la végétation mais aussi de la période, dépendent la finesse et la sensibilité de chaque monument, mais le charme opère dans tous ceux que nous avons vu, nous ramenant à des images de jungle tentant d'absorber une civilisation sans y parvenir... Peut-être comme les sinistres khmers rouges avaient tenté d'anéantir un peuple entier...

Angkor ? Quelles images retenir ?
Angkor Vat emblématique, immense et majestueux qui s'affiche fièrement sur le drapeau national... ? Le Bayon où les 4 têtes de Vishnu sont représentées en majesté 54 fois (5+4=9), soit 216 visages (2+1+6=9)... ? 


Le Ta Prohm, un des temples où, depuis des centaines d'années, la végétation a repris sa place et où les fromagers sont devenus parties intégrantes de l'édifice, ne permettant presque plus de distinguer l'œuvre de l'homme de celle de nature...? Banteay Srei, le petit temple des femmes, à 30 km des grands sites, si émouvant au lever du soleil, si finement sculpté et dans lequel la présence des moines en robe safran nous rappelle que nous sommes des touristes dans un lieu sacré ?




Un réel bonheur d'avoir pu passer 3 jours au milieu de ces merveilles malgré la quantité et la diversité des touristes (Halte aux "selfies" et aux photos de sourires niais encadrés de doigts en V sur fond de merveilles millénaires !), malgré les sites pour la plupart non terminés et passablement abîmés par les années, la pollution, y compris celle des touristes, la nôtre... mais que les khmers rouges ont -miraculeusement ?- épargnés.


Malraux, tu eus sans doute tort de voler ces sculptures au Banteay Srei , mais fus-tu le seul ? En tout cas, ni le premier, ni le dernier... ! Mais, ta Voie Royale m'avait fait rêver... et aujourd'hui, la réalité est à la hauteur de mes rêves !
Et surtout, merci à mon père, grâce à lui et à travers ses livres et son importante documentation j'ai appris à connaître -un peu- et à aimer ces civilisations...

Alain

Merci Alain ! Nous rajoutons à ton article un extrait du livre de Loung Ung – D’abord, ils ont tué mon père (p84) :

« Le site d’Angkor Vat, plus de 250km² couverts de temples, a été édifié à partir de IXème siècle par de puissants rois khmers. Ces monuments élevés à leur propre gloire ont été terminés trois siècles plus tard. Au XVème siècle, après une invasion siamoise, Angkor Vat fut abandonné, livré à la jungle, et oublié jusqu’à ce des explorateurs français le redécouvrent au XIXème siècle. Depuis, les temples éprouvés par des batailles, avec leurs splendides statues et sculptures de pierre et leurs tours à étage, comptent parmi les sept merveilles du monde.

Je me souviens que, serrant très fort la main de papa, j’ai parcouru avec lui les larges couloirs décrépits. Les murs des temples sont décorés de magnifiques sculptures représentant des scènes de batailles et de la vie quotidienne de temps lointains. Les escaliers antiques sont gardés par de gigantesques animaux de granits : lions, tigres, nagas à huit têtes, éléphants… Des dieux en grès à huit bras assis en tailleur sur des fleurs de lotus veillent sur les bassins des temples. Sur les murs couverts de lianes de la jungle, des milliers de belles apsaras aux gros seins d’une rondeur parfaite, les reins ceints d’une simple bande de tissu, sourient aux visiteurs. Levant les bras, j’entoure de mes mains un des seins divins, sentant sous mes paumes la pierre rugueuse et fraîche ; prise d’un fou rire soudain, je retire prestement ma main pour me couvrir la bouche.

Papa me conduit vers une partie du temple où les arbres sont aussi gros que notre maison, et si hauts qu’ils semblent toucher le ciel. Les troncs tordus, les racines, les lianes s’enroulent autour des ruines comme de gigantesques boas constrictor, broyant et avalant les pierres qui ont basculé. Se tenant sur les marches branlantes, il me soulève jusqu’à la bouche noire du temple, semblable à une caverne. « C’est là que vivent les dieux, dit-il à voix basse. Si tu les appelles, ils répondront. » Craintivement, j’humecte mes lèvres et crie : « Chump leap sursdei, dthai pda ! » (Bonjour les dieux !) puis j’entoure de mes bras la jambe de papa lorsque les dieux me répondent : « Dthai pda ! Dthai pda ! Dthai pda ! ».

Khouy [son frère] dit que, dans ce temple, les soldats [Khmers Rouges] ont mutilé les animaux-gardiens, brisé ou détaché les têtes des dieux, tiré des balles dans leurs corps sacrés. Après la destruction des temples, les soldats ont parcouru la région pour trouver des moines et les forcer à se convertir à l’Angkar. Ceux qui refusaient étaient tués ou envoyés dans les champs de mine. Pour échapper à l’extermination, de nombreux moines ont laissé pousser leurs cheveux et se sont cachés dans la jungle. D’autres se sont tués lors de suicides de masse. Les moines s’occupaient des temples et les entretenaient. Ils sont de nouveau livrés à la jungle. Je me demande où vont aller les dieux maintenant que leurs maisons ont été détruites. »